Thémis ; Shut up and let me go. [Terminée]

On ne pouvait décemment pas dire que Thémis était banale. Quel manque de politesse, et surtout quelle effronterie à notre chère demoiselle ! Non, certainement pas. Thémis était charmante, Thémis était séduisante, Thémis était sexy. Alors le banal, non merci. Mais Thémis n'était pas juste belle et aguicheuse, non elle était charismatique. Quand elle remettait ses cheveux noirs de jais en place, les regards se tournaient. Quand elle remontait ses lunettes sur son nez, les hommes souriaient. Quand elle mettait les poings sur les hanches, on acquiesçait. Oui, Thémis savait user de ses charmes. Et l’étirement de ses lèvres fines ne faisait que confirmer ce que l’on savait déjà ; Elle s’amusait comme une petite folle à ce jeu la.
Ses immenses yeux d'un étrange violet sombre, ourlés de lourds cils d'un noir d'encre, étaient une invitation à la tentation la plus exquise, et témoin d'une personnalité implacable. Son nez fins et sa bouche charnu ne faisait que s'ajuster à ses traits harmonieux, dans une ravissante symbiose. Ses cheveux noirs de jais entouraient un visage en cœur, retombant gracieusement sur ses délicates épaules. Un décolleté pulpeux ainsi qu’une taille fine et élancée ne faisaient que confirmer ce que son regard langoureux criait ; Viens près de moi, enlace-moi, embrasse-moi, et oublie que cela ne durera qu'une seule et unique nuit.
Pourtant, notre chère et tendre Lilith semblait bien avoir un regrettable défaut, et sans mauvais jeu de mot, celui-ci était de taille ; Même perchée sur ses talons claquants, la belle ne pouvait cacher son ridicule mètre soixante. C'était risible, d’une ironie tordante. La belle, la grande Thémis, cette demoiselle si attirante et langoureuse, elle qui se faisait un tel plaisir de vous prendre de haut, ne pouvait le faire qu’en levant la tête vers son interlocuteur ! C’était à en pleurer de rage, à en maudire les dieux responsables. A cause de ce fâcheux détail, la belle portait souvent de clinquants talons, trichant de plusieurs centimètres pour être à hauteur des autres collègues, et rétablir l’équilibre avec la hiérarchie mise en place.
D’une démarche ferme et rapide, la jeune femme rappelait tout de même qu’avec un physique aussi attirant, elle n’en était tout de même pas moins quelqu’un qui savait ce qu’il voulait, et faisait tout pour l’obtenir.

Le saviez-vous ? Dans la mythologie grecque, Thémis était la déesse de la justice, de la loi et de l’équité. Titanide, elle possédait des dons divinatoires et avait donc connaissance de secrets que même Zeus ignorait encore. Maintenant, la question est ; Est-ce que la jeune Blackwood portait bien son prénom ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Thémis était changeante. Un temps joyeuse et ouverte, l'autre sarcastique et bornée, on ne savait jamais sur quel pied danser avec elle. Mais il existait quand même quelques astuces pour deviner son état d'esprit du moment, et éviter de se faire remballer par quelques phrases acides ; Par exemple, la plupart du temps, ces collègues évitaient de lui parler quand son bureau étaient noyé sous les dossiers, ou quand son ordinateur produisaient des bruits mécontents (très souvent suivi par une flopée de jurons de la propriétaire d'ailleurs.)
Mais, dans la majeure partie des cas, Thémis se faisait remarquer par son habituel mauvais caractère. Ah, je vous voir venir ! Il est facile de se dire ; Une fille comme elle, belle et aguicheuse, ne pouvait être qu’une sale petite garce nombriliste qui n’a rien dans la tête. Et bien… faux. Bien qu’on ait pu le croire si l’on rencontrait Thémis pour la première fois alors qu’elle était en retard, énervée, ou encore noyée sous le travail, notre chère jeune femme n’était pas qu’une harpie continuellement énervée. Il est vraie qu’elle avait quelques tendance aux sarcasmes et tourner en dérision certaines personnes qui l’insupportaient. Mais mise à par cela, et si l’on supportait bien l’humour noir, on pouvait ne pas abhorrer Thémis. En revanche, il n’était pas dit que Thémis vous aimera. Il suffisait d’un rien pour qu’elle vous catalogue, et il fallait faire beaucoup pour lui faire changer d’avis.
Il y deux genres de personnes que la jeune femme ne supportait pas ; les fouineurs et les hypocrites. Enfin, que l’on fouine dans ses affaires étaient le pire crime pour elle, et il fallait s’attendre à de lourdes représailles mais pour les affaires des autres, c’était une autre histoire… Concernant l’hypocrisie, il était simple de comprendre pourquoi ; Thémis aimait beaucoup les personnes vraies, sincères, qui n’avaient pas peur de dire tout haut ce qu’ils pensaient. Comme elle, en fait.
Bornée et persévérante, il était impossible de lui faire sortir une idée de la tête ; Même si cette idée était stupide et vouée à l’échec, même si entre temps, elle-même avait saisie tout l’inutilité et l’impossibilité de celle-ci, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle s’arrête. Une question de fierté, disait-elle. Avec Thémis, il y avait beaucoup de question de fierté.
Une grande part de sa vie ne peut aussi pas être passé sous silence ; l’informatique. Et la, vous devez surement vous dire ; Elle est belle, attirante, fougueuse et arrogante, et elle est dans l’informatique ? Et bien le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas le physique de l’emploi. Qui imaginerait que cette magnifique jeune femme passait ses journées derrière un écran d’ordinateur, à peaufiner les détails d’un jeu vidéo ?

En résumé, on pouvait dire que si l’on empêchait Thémis de parler et de lancer des regards noirs, elle serait la femme parfaite. Malheureusement pour nous, son sale caractère finit toujours par ressortir…

(On pourrait dire que le premier chapite ne nous apprend pas grand chose, mais j'ai voulu souligner l'instabilité émotionnelle de Llewelyn, et donc comprendre dans quel état ce coup de téléphone l'a mise.)

CHAPTER 1; ▬ Leave me out with the waste.

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D’un geste vif et empressé, Llewelyn Blackwood s’assit sur le canapé du salon, face à ses deux enfants. D’un point de vu extérieur, on aurait tout simplement put croire que l’air renfrogné de leur mère venait du fait qu’ils étaient en train de s’envoyer des Legos à la figure, ou que ses ongles pianotant sur l’accoudoir venait du fait qu’elle allait d’un instant à l’autre les séparer et leur dire de jouer plus calmement. Mais il n’en était rien.
En vérité, elle était inquiète. Rien d’étonnant à cela ; Llewelyn était toujours inquiète. Que ce soit pour ces enfants, son mari, le chat du quartier, ou encore le voisin d’à coté, elle pensait trop souvent aux autres avant elle. Les questions qui l’envahissaient étaient des plus simples au plus tarabiscotées ; Suis-je vraiment une bonne mère ? Et si le four tombait en panne ? Comment faire comprendre au voisin que nous ne les aimons pas ? Cette fois-ci, cela concernait Andrew, son mari. Rien de surprenant la non plus ; C’était très souvent pour lui qu’elle s’inquiétait le plus. D’une nature maladroite et tête en l’air, ce dernier oubliait souvent des tas de choses, et sa femme était continuellement sur son dos pour l’empêcher de faire d’énormes gaffes. Mais ni l’un ni l’autre ne s’en plaignaient ; Tous les deux s’aimaient comme au premier jour, fait rare de nos jours. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés à la fac, impossible de les séparer. Et même après un mariage, les beaux-parents rencontrés, deux enfants turbulents élevés, le couple s’adorait. Llewelyn lui apportait la stabilité et la rigueur qui lui manquait, tandis qu’Andrew mettait un peu de légèreté et de rêveries dans leur quotidien. Bien que Llewelyn soit un peu torturée et éternellement angoissée à l’idée d’accidents et de sécurité, Andrew faisait son possible pour la rendre plus sereine avec toutes ses troubles.
Leur couple pouvait se résumer en une seule phrase ; Les opposés s’attirent. Pas étonnant donc que l’une se ronge le sang tandis que l’autre a plus d’une heure de retard. Et c’était dans cette situation ou ils étaient à ce moment.
La sonnerie du téléphone retentit, faisant sursauter Llewelyn et coupa court à ses élucubrations. Mais ce bruit stressant ne fit rien pour l’apaiser, au contraire. Dans sa tête, tous les scénarios catastrophiques qui auraient empêchés son mari de rentrer à l’heure défilaient ; accident au travail, maladies subites incontrôlables, accident de voitures, cambriolage de sa banque, etc… Des dizaines d’images, toutes plus ou moins tirées de téléfilms, surgissaient devant ses yeux à une vitesse folle.
D’un geste de main, elle se força à stopper le flot de pensées qui l’envahissaient. Si Andrew aurait été la, il l’aurait forcé à se calmer, et à respirer profondément. Elle ferma les yeux et prit une grande respiration. Une fois les battements de son cœur calmés, elle posa la main sur le téléphone et décocha.

-Allo ?
-Pourrai-je parler à madame Blackwood s’il vous plait ?
-C’est moi-même.
-J’ai une triste nouvelle à vous annoncer.

Dans les secondes qui suivirent, le cœur de Llewelyn lui donna l’impression de tomber du ciel pour aller s’écraser en enfer.

La question prit Thémis de court. Elle prit le temps de finir d’enfiler son jean et de remettre en place son débardeur avant de tourner son regard vers la source de la voix. Un homme, grand et bien bâti, allongé dans un lit défait, vrillait son regard sur elle et ses talons à la main.
Ce qu’elle pouvait détester cette vision. Les conséquences de ses petits vices et plaisirs apparaissaient quand le soleil faisait de même ; la nuit n’avait été qu’une échappatoire à ses tracas. La suite, elle l’a connaissait par cœur pour l’avoir tant joué.
D’un geste naturel, elle passa sa main dans ses cheveux raides, et étira ses lèvres dans un semblant de sourire.

-J’ai du boulot qui m’attend. Je t’appelle, d’accord ?

Elle marcha dessus un pantalon jeté au sol, et se pencha pour lui laisser son dernier baiser. C’était d’habitude à ce moment la qu’ils comprenaient. La plupart répondait par un vague « oui », et la laissait partir après un dernier sourire, bien que leurs regards incertains lui assuraient qu’ils avaient assimilé ce que cela voulez dire. Mais celui-ci semblait plus long à comprendre. Après de rapides enjambées, elle traversa l’appartement en récupérant des affaires ici et là, alors que l’homme ne comprenait toujours pas ce soudain empressement. Ce n’est qu’arrivée à la porte qu’elle l’entendit lancer la phrase fatidique ;

-Mais tu n’as pas mon numé…

CLAC ! Thémis avait refermé la porte avant d’entendre la fin. Levant les yeux au ciel devant la bêtise de son dernier soupirant, elle dévala les escaliers de l’immeuble et prit le premier car la ramenant chez elle. Elle ouvra la porte le plus discrètement possible, et passa sa tête dans l’entrebâillement. Ouf, il n’était pas la, elle n’aurait pas à se justifier ou dev…

-Tu es en retard.

Ah, si.
Jasper Blackwood, tranquillement appuyé à la rambarde du balcon, vrillait son regard mauve, identique au sien, sur elle avec un sourire carnassier tel un vautour attendant sa proie depuis trop longtemps. Soupirant mentalement en devinant la suite des évènements, elle se prépara à la joute verbale imminente. Jasper s’approcha d’elle alors qu’elle posait son sac sur la table basse, et fouillait les environs du salon à la recherche d’un satané dossier. Elle ne voulait pas lever les yeux vers lui pour qu’il sente une fois de plus qu’il était supérieur à elle question taille, et lui donnait l’illusion de l’être sur d’autres terrains. Ce qui ne l’empêcha pas, lui, de suivre ses moindres faits et gestes.

-« Ne m’attend pas pour manger, je rentre tard. » hein ? Je rentre tôt plutôt.
-Cela revenait au même, répondit-elle rapidement, feignant de ne pas faire attention à lui.
-Peut être, mais tu…

Le claquement léger d’une porte coupa la conversation. Le frère et la sœur se retournèrent d’un même mouvement vers le bruit, provenant de la chambre de Jasper. Une jeune femme à la longe chevelure blonde, seulement habillée d’une chemise masculine et d’un short, apparut dans l’entrebâillement de la porte du couloir. Son regard endormi et son demi sourire disparurent à la vue de la femme debout à coté de Jasper. Désarçonnée, elle pointa son ongle manucurée vers Thémis.

-Qui c’est, elle ?

Le ton était agressif. Nul doute de ce qu’elle imaginait.
Jasper agita vaguement la main.

- Ne t’imagine pas n’importe quoi, c’est ma…
- Je suis sa fiancée ! Coupa Thémis. Cette dernière simula un regard choqué vers la jeune femme blonde, et se retourna vers son frère, les poings sur les hanches. Tu me dois des explications ! Je croyais que tu avais arrêté de me tromper !
- Que… Quoi ? Parce que je ne suis pas la première en plus ? S’offusqua la jeune femme blonde.
-Non, Sam, ce n’est pas ce que…
- De quoi ? S’écria la dénommée Sam. Ce que je crois ? Et pourtant cette femme est bien la ! Tu n’es qu’un…qu’un… qu’un salaud !

En disant cela, elle s’avança vers Jasper, et le gifla sans ménagement avant de prendre son sac à main et sortir de l’appartement en claquant la porte.
La joue gauche rougit et le regard las d’avoir déjà vécu cette scène, Jasper se retourna vers sa sœur qui riait à gorge déployé.

-Tu es fier de toi ? Grogna-t-il en se massant la joue.
-Oh, mon pauvre chéri, personne n’est la pour te consoler…

Elle rit encore un peu avant d’attraper les larges épaules de son frère et de lui laisser un léger baiser sur sa joue.
Jasper était beau, c’était indéniable. Des traits fins et un sourire, bien que très peu sincère, qui en avait déjà fait craquer plus d’une Jasper était agréable à regarder et le savait. Ses yeux mauves qui semblaient souvent prendre de haut les autres, surplombaient souvent les assemblées du haut de son mètre quatre-vingt d’un regard inexpressif. Élancé et athlétique, les demoiselles ne demandaient qu’une chose ; voir si son corps était aussi alléchant qu’il le laisser penser. Il mettait aussi un point d’honneur à rester élégant dans toutes situations. Vraiment, Jasper état l’homme parfait. A un détail près ; l’infidélité de monsieur. Et ce n’était pas qu’un petit détail…

-Ah, nooon… Gémit soudainement Jasper.
- Quoi ? Ne me dit pas que celle-là était la bonne ?
-Elle est partie avec ma chemise…

Un nouvel éclat de rire retentit derrière le tas de paperasse cachant sa grande sœur. Tout d’un coup, un « Ahah ! » retentit du même endroit, suivit d’une main agitant un papier froissé, suivit d’une tête ravi d’avoir enfin retrouvé son dossier perdu.

-Quand même, il faudrait que tu songes sérieusement à te prendre un appart’.
-Pourquoi ? Je te gène ?

Thémis ne répondit pas. Son frère connaissait pertinemment la réponse qu’elle allait lui donner ; « Évidemment ! Qui aimerait avoir son petit frère dans les pattes ? » Bien qu’elle pensait totalement le contraire, et qu’il le savait. Bien qu’elle adorait son frère, cela l’inquiétait un peu ; depuis la mort de leur mère, Jasper ne donnait plus de crédit aux femmes. Pour lui, ce n’était que de superficielles créatures à qui la confiance ne pouvait pas être accordée. Thémis était l’exception qui confirmait la règle. Ce résultat était du à deux faits de son passé ; le suicide de leur mère, combiné à une très mauvaise expérience avec sa toute première petite amie. Selon Jasper, leur mère avait été assez lâche pour les abandonner, lui et Thémis, alors qu’ils n’étaient encore que des enfants ; Il ne la considérait plus comme sa mère, mais seulement comme la femme qui l’avait mis au monde. Alors que leur père venait de décédé dans un stupide accident de voiture, leur mère était tombée en dépression nerveuse ,et son atroce angoisse des accidents l'avait rattrapé, plus fort qu'avant. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle se suicide.
Et sa première copine… Disons qu’il n’avait pas du tout choisi la bonne. Dans les termes le plus courtois, cette fille était simplement une pétasse. Mais attention, de celles qu’on ne faisait plus ; Avec rire sadique, tromperies inutiles et coups bas quand on s’y attendait le moins. Oui, ce n’était pas une petite joueuse. Autant dire que l’alliance de ces deux épisodes de la vie de Jasper ne l’avaient pas incité à éprouver une confiance innée envers la gente féminine…

-Et va t’habiller ! Tu comptes trainer toute la journée en boxer ou quoi ? Va plutôt chercher du boulot, ca t’occupera au lieu de ramener des dindes à la maison.
-Je te signale que tu viens de rentrer à l’aube.
-Oh, tu es jaloux ? Cingla Thémis, un sourire cynique sur les lèvres.
-Autant que toi. Répondit-il sur le même ton.

Thémis releva la tête, et sonda son frère du regard un instant avant de répondre.

-On est bêtes, hein ?
-Parle pour toi !

Sa sœur rit légèrement avant de franchir le pas de la porte.

Débordée. Thémis était débordée. Son bureau était un réel cauchemar ; au milieu d’une ribambelle de stylos et crayons en tout genre se dressaient des dizaines de tas de paperasses empilés à la va comme j’te pousse, le haut de l’écran de son ordinateur se voyait à peine, englouti par une marée de post-its roses bonbon, assez flash pour qu’on ne les oublie pas, ou encore un téléphone hurlant qu’on le décroche enfin.
Depuis la mort d’un des directeurs de Sphère Production, tout le travail que ce dernier avait accumulé ou qu’il devait remplir revenait à elle. Et comme boulot, la belle en avait ! Dirigé tout Sphera n’était pas une partie de plaisir, loin de la. Le design avait parfois quelques ratés qu’il fallait tout de suite régler avant que des joueurs mécontents se fassent entendre, certains combats étaient bien entendus trichés, quelques téléportations avaient parfois des loupées, et je ne parle même pas des hackers qui s’amusaient à compliquer encore plus sa tache…
Bref, toutes ces choses importantes que son supérieur réglait généralement en binôme avec elle, Thémis devait s’en occuper seule maintenant. Bien que cette dernière ait un post élevé, et que la hiérarchie la plaçait juste en dessous des directeurs généraux, elle n’était pas habituée à gérer tout cela ; d’habitude, son patron lui délaissait quelques cas importants dont il n’avait pas le temps de s’occuper personnellement, mais qui nécessitaient de l’attention. S’entendant plutôt bien avec lui, Thémis avait su s’organiser en fonction de ce qu’il lui donnait. Il n’était pas rare qu’elle reste tard au bureau pour qu’ils gèrent à deux les derniers problèmes rencontrés ; Euphoria tournait 24h/24, et les joueurs n’attendaient pas.
Sa mort avait quelque peu refroidit ses collègues concernant le jeu et elle s’était attristée ; on ne passait pas des centaines d’heures à travailler aux cotés de quelqu’un sans s’attacher à lui. Mais Sphere Production ne lui avait pas laissé le temps de s’apitoyer sur son sort ; le travail l’avait rattrapé avant même qu’elle ne comprenne ce que cette mort injustifiée ne voulait dire.

-Blackwood, sors de ta tanière, on t’appelle !
-L’ours a décidé d’hiberner jusqu’à nouvel ordre. Va embêter quelqu’un d’autre.
- Va dire ca à Melton alors.

Thémis releva immédiatement la tête, mais son collègue était déjà occupé par autre chose. Elle finit de taper une dernière phrase avant de sauvegarder son document, se leva et sortit de son bureau, son cerveau tournant à plein régime.
La question qui tournait en boucle à cet instant dans sa tête était ; Qu’est-ce que j’ai fait pour être convoquée ? Elle n’avait pourtant rien n’effacé par inadvertance ces derniers temps, (ou du moins, avait su bien le cacher,) avait fait le boulot qu’elle remplissait en une semaine en trois jours, savait masquer ses retards, et n’avait encore jamais de réunions importantes. Alors que restait-il ?
Toute sa brève carrière défila dans sa tête.
Elle était entrée à Sphère Production très jeune. Rien d’étonnant, la demoiselle était un petit génie de l’informatique. Quel étrange passe-temps pour une fille comme elle, belle à en tomber, que de passer son temps dans des codes incompréhensibles et connaître par cœur tous les raccourcis clavier de photoshop…Et pourtant, il faut de tout pour faire un monde. C’était un ingénieur qui l’avait repéré, et qui lui avait soufflé l’idée d’entrer dans un projet un peu fou, un nouveau jeu vidéo qui ferrait surement un carton. A cette époque, la belle n’en avait que faire ; tout ce qu’elle voulait était un job pour permettre à Jasper de sortir de l’orphelinat ou elle-même avait résidé. Bien qu’elle possédait un petit appartement dans les alentours de Soho, il lui fallait un salaire correcte pour pouvoir subvenir aux besoins de deux personnes. Et Sphere Production était une occasion en or.
En arrivant dans cette grande entreprise qu’était Sphere Production, Euphoria n’était pas encore sorti. Au départ, elle avait eu un peu de mal à se faire respecter. Une petite jeunette tout ce qu’il y a de plus craquante qui n’avait pas du tout le physique de l’emploi, cela faisait jaser. Et les rumeurs allaient de bon train ; certains prétendaient qu’elle avait surement du passer sous le bureau d’un des directeurs, d’autres prétendaient qu’elle devait surement être de la famille d’un des ingénieurs. Bref, un véritable repère de commères. N’accordant aucun crédit à ses bruits de couloirs, Thémis avait travaillé d’arrache-pied pour obtenir un salaire convenable, et obtint au passage le respect de ses collègues ; La petite jeunette peu crédible venait de résoudre un problème épineux sur lequel ils bossaient depuis une bonne semaine. Jasper avait emménagé, elle avait gravi les échelons de la hiérarchie à une vitesse affolante, pour finir sous-gérante de Sphera. Et voila la ou elle en était maintenant. Son patron mort, du boulot pour les dix prochaines années à venir, et une convocation dans le bureau du big boss.

C’était donc stressée de ce qu’on pouvait lui dire que Thémis rentra dans le bureau de la directrice générale de Sphere Production. Qu’elle ne fut pas sa surprise quand celle-ci lui déclara, dès qu’elle fut assise dans un fauteuil, une phrase que Thémis n’aurait jamais pensé entendre.

- Que diriez-vous de devenir l’un des dirigeants de Sphère Production ?

« Prénom/Pseudo: Lulla'
« Age: 16 ans.
« Comment avez vous connu le forum? Par YC.
« Suggestion d'amélioration ou autres: Mais non il est très bien comme ca
« As-tu quelques chose à ajouter?: J'ai finit ma fiche T__T J'pensais pas y arriver un jour...
Nash, ne t'acharne pas à tout lire si tu n'as pas le temps xD